L’impact carbone des rénovations énergétiques

Actualité

En plus de permettre de faire des économies d'énergie, une rénovation énergétique permet également de réduire l'impact carbone du bâtiment. Mais quels sont les gestes de rénovation les plus efficaces pour réduire les émissions de GES ? A partir de combien de temps le carbone émis par les travaux de rénovation est-il compensé par la baisse des émissions du bâtiment ?

Deux études, parues ces derniers jours, permettent de répondre à ces questions. Elles s’appuient sur la base INIES (informations sur les impacts environnementaux et sanitaires), qui regroupe les fiches de déclaration environnementale et sanitaire des produits de construction et de décoration. Avec ces fiches, elles calculent l’impact carbone des différents travaux effectués et matériaux utilisés lors d’une rénovation, et de la durée à laquelle cet impact est compensé par la réduction des émissions du logement, le « temps de retour carbone » de chaque geste de rénovation.

Étude de l’Agence Nationale de l’Habitat1

Réalisée pour l’Agence Nationale de l’Habitat, par le cabinet de Conseil Pouget, l’étude « Impact carbone des rénovations énergétiques » compare plusieurs scenarii de rénovation énergétique de 4 typologies de bâtiments :

Les principaux enseignements

Certains gestes de travaux sont particulièrement rentables à court terme, notamment l’isolation des combles perdus, dont les émissions de carbone peuvent être compensées en un an. Cependant, à long terme, une rénovation performante2 permettra toujours d’économiser plus d’émissions.

Les rénovations sont plus rentables, du point de vue des émissions de carbone, lorsque le système de chauffage était carboné et a été remplacé :

En maison individuelle, si le chauffage était électrique au départ, le bouquet de travaux le plus ambitieux permet d’éviter l’émission de 50 tonnes de CO2 en 50 ans. Sur la même période et avec le même bouquet de travaux, mais dans une maison initialement chauffée au gaz, la rénovation permet d’éviter d’émettre 350 tonnes de CO2.

L’étude montre également des différences non négligeables liées aux matériaux utilisés. L’isolant choisi pour une isolation thermique par l’intérieur3 n’a pas un impact très important sur l’impact carbone de la rénovation. Au contraire, le bardage utilisé pour l’isolation par l’extérieur4 est important : un bardage en laine de verre et aluminium peut être 50% moins polluant qu’un bardage en bois.  De même, le choix de la pompe à chaleur peut avoir un impact fort, en fonction des fluides frigorigènes utilisés.

L’impact carbone des matériaux biosourcés

En parallèle, l’Agence Parisienne du Climat a publié une étude sur les gains carbone liés l’emploi de matériaux biosourcés dans une rénovation énergétique. L’étude s’appuie sur les exemples de deux rénovations énergétiques des copropriétés, effectuées entre 2016 et 2022 à Paris.

Cette étude parvient aux mêmes conclusions que celle de Pouget Consultants, notamment l’idée que, même en prenant en compte les émissions des travaux, une rénovation énergétique permet d’éviter beaucoup d’émissions de carbone sur le long terme.

Cette étude appuie également l’idée que le choix des matériaux utilisés peut avoir un impact réel sur les émissions du bâtiment rénové. L’étude quantifie plus précisément les émissions de carbone évitées grâce à l’emploi de matériaux biosourcés et à la mise en place d’écogestes par les habitants.

Dans les deux exemples, utiliser des matériaux biosourcés, et notamment de la fibre de bois, permet d’émettre 10% moins de carbone par rapport à des matériaux conventionnels.

De plus, si les habitants mettent en place des écogestes, des gains supplémentaires peuvent être obtenus. Ainsi, s’ils maintiennent un chauffage à 19°C, les émissions peuvent encore baisser de 30%.

Pour conclure, ces deux études démontrent bien qu’une rénovation énergétique de qualité permet toujours, à long terme, de réduire les émissions de carbone, notamment en changeant un système de chauffage carboné. Elles montrent aussi l’importance du choix des matériaux dans l’impact carbone de la rénovation, en incitant à faire appel à des matériaux biosourcés.

  • Agence nationale de l’habitat (ANAH)

    L’ANAH est l’agence nationale de l’habitat. Cette agence publique créée en 1971 met en œuvre la politique nationale d’amélioration du parc de logements privés existants. C’est elle qui accorde des aides financières aux propriétaires – et notamment MaPrimeRénov’. L’agence accompagne également les collectivités dans la mise en œuvre de leur politique de l’habitat privé.

  • Rénovation performante

    Selon l’ADEME et DOREMI, « la rénovation performante d’un bâtiment est un ensemble de travaux qui permettent au parc bâti d’atteindre a minima le niveau BBC rénovation ou équivalent, en moyenne nationale et à l’horizon 2050, sans mettre en danger la santé des occupants, en préservant le bâti de toute pathologie liée à ces travaux et en assurant le confort thermique et acoustique été comme hiver.

    Une rénovation performante permet donc d’atteindre la classe A ou B du DPE et qui a étudié : l’isolation des murs, l’isolation des planchers bas, l’isolation de la toiture, le remplacement des menuiseries extérieures, la ventilation et la production de chauffage et d’eau chaude sanitaire.

    Le label BBC rénovation est délivré par des organismes certificateurs. Aujourd’hui, il en existe 4 : Cerqual, Prestaterre Certifications, Promotelec Services et Certivéa. Mais il est possible de demander conseil à l’Espace Conseil France Rénov’ proche de chez soi pour obtenir des informations détaillées sur la rénovation performante.

  • Isolation thermique par l’intérieur (ITI)

    L’isolation thermique par l’intérieur (ITI) consiste à poser un matériau isolant sur la face intérieure des murs, des sols et des sous-pentes d’un bâtiment. Sa réalisation n’éxige en général pas l’accord de la copropriété, mais conduit à une diminution de la surface habitable du logement (contrairement à l’isolation par l’extérieur). Elle permet un meilleur confort d’hiver et d’été), et selon les matériaux utilisés, une meilleure isolation phonique.

  • Isolation thermique par l’extérieur (ITE)

    Technique

    L’isolation thermique par l’extérieur consiste à poser un matériau isolant sur les murs extérieurs d’un bâtiment (maison ou immeuble), par différentes méthodes. Ce procédé permet de ne pas réduire la surface habitable (contrairement à l’isolation par l’intérieur), mais agit sur l’apparence extérieure du bâtiment et peut demander une autorisation d’urbanisme, ou une autre autorisation en fonction du caractère patrimonial ou architectural remarquable du bâtiment ou de la zone dans laquelle il est situé.

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